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17 deficos

Texte de Kelora

17 deficos 1253 - Journal d'Elena

Pardonne-moi ma brièveté, la soirée fut longue et, si je sens que ma sobriété n’est pas au beau fixe, je crains que Dranigba ne me laisse qu’une seule chance. La journée avait bien mal débuté, quel hasard et quelle surprise – le sarcasme transparaît-il suffisamment à l’écrit ? Lucinda était absorbée dans la composition d’un nouveau morceau, elle a refusé catégoriquement que j’entre dans le salon. Alors je suis allée profiter du jardin après avoir pris un thé. Cathleen avait envoyé une missive pour nous indiquer qu’elle devait aller voir un Proncilien pour des affaires marchandes, elle nous rendra visite. Nelly quant à elle, s’est isolée avec Brida. Elles semblent préparer un nouveau voyage. 


Jill est toujours avec ce nouveau Thaumaturge dont je n’ai qu’entendu parler, en train de prendre un bain d’ennuis. La maîtresse des arts a disparu, perdue par-delà l’île au nord et Eddard lui se noie sous les papiers. Au moins Mélissandre passe-t-elle souvent au repaire. Ma mauvaise humeur, nuage de grêle, me suivait alors je m’en fus du Repaire. Ils ne méritent pas d’avoir ma mauvaise humeur. Mes bleus sont toujours présents et à chaque fois qu’il m’arrive de tousser j’ai l’impression que mes côtes tentent de percer mes chairs. Ai-je déjà évoqué que je détestais avoir les côtes brisées ? Une nouvelle fois ne fera pas de mal. Je m’installai alors à côté de l’école de magie, cette fois, sur le banc. Ils sont plus calmes, ces derniers temps, la faute à de quelconques examens. Comment évaluer la réussite d’un mage ? Quelle folie ont-ils évoqué. Je ne comprends pas comment Ennya et Diane continue d’enseigner là-bas, c’est tout bonnement horrible que de mettre des noms sur des niveaux, alors quid de distiller la compétition pour des mages aussi jeunes ? 

 

Enfin, finalement, en début de soirée, Herryk arriva, il me fit l’offre du verre qu’il m’avait promis, et nous discutâmes. Rien de bien sérieux, son nouveau travail aux tavernes, sa famille et de mon œuvre à surveiller les courants d’air. Rien de bien original, n’est-il pas ? Jusqu’à ce qu’un capitaine sorte de l’école de magie un livre en main. Nous avons parlé de la pluie et du beau temps, bien qu’un nuage aussi gris que son armure semblait le suivre. L’auberge nous offrit un toit suffisamment agréable pour que je puisse boire le verre qu’il m’avait promis. Ah, il ne devrait pas être garde mais bien marchand, puisqu’il m’offrit le verre qu’il me devait avec l’or de Nils, pour me faire boire un voyage au travers de l’immonde. Même à toi je ne dirais pas si c’était réellement bon, mais sache que j’en ai pris un second (avec moins de citron et moins de rhum). 


La discussion allait de bon train, jusqu’à ce que le sujet de Jared vienne sur le tapis. Je ne connaissais pas ce Jared Azar, mais un esclavagiste qui traînait avec des elfes noirs, cela ne me dit rien qui vaille. Il a également eu quelques tensions avec Nelly. Je crois bien que le capitaine voulait que je m’investisse aux côtés d’Herryk pour l’envoyer dans la tombe. Malheureusement, je ne peux m’en charger, pour l’heure. S’il vient à en attaquer les miens, je préfèrerai cette fois me parjurer que de laisser un monstre s’attaquer aux miens. 


Lorsqu’il s’en est allé nous avons parlé - j’ai monologué, comme à mes mauvaises habitudes – sur les nuages et les tempêtes. Je ne saurais m’en tarir, jusqu’à l’arrivée d’une perturbation. Antagara, je me réjouissais de l’entendre nous parler de musique. Elle aurait pu en rester à triturer les cordes de son luth, me concernant. Je suis restée polie – autant que je le pouvais, mais ça m’en a coûté. Aussi aimable qu’elle puisse l’être, sa manie à se comparer au vent m’a légèrement agacée, le vent n’est qu’expiré, le vent colporte les rumeurs. Bah ! Quelle douce horreur. Le pire fut lorsqu’elle établit que l’ennui était l’apanage de la création. Excusez du peu, j’imaginais qu’il s’agissait de travail. Mais je m’en abstins, jusqu’à ce que ses propos sur les massacres organisés firent prendre un verre au capitaine. Il semblait pourtant ne pas lui en tenir rigueur.

 

Bref. J’espère ne pas avoir à croiser spécifiquement son chemin de nouveau, mais je fus soulagée lorsqu’elle s’en alla. Nous sommes restés là, avec nos verres et les discussions de la nuit ont pu débuter. Nous avons parlé de serment et de devoirs, de mensonges et de trahisons. Nous avons parlé de ceux que nous aimions, à demi-mots et de la crainte de les voir rejoindre les rangs des morts. Nos placards en débordent. Nous n’avons plus de terreau fertile pour le deuil et il semble usé. Nous avons parlé de magie, et il m’a semblé curieux sa manière d’envisager les choses. Elle n’était pour autant pas fausse, bien qu’il se rende à l’école ce qui explique pourquoi il se bloque. Peut-être Locë pourrait l’aider, mais je crains que notre cher capitaine tente de lui enfoncer son heaume dans le nez. 


Puis, la discussion nous a poussé jusqu’à ce que la fatigue ou la bienséance nous demande de nous éloigner. Personnellement, c’était la discussion qui me demandait de m’enfuir. Elle m’a fait penser à la date de ce jour. 


Je crois que je suis prête à m’endormir, espérons que le sommeil ne me fuit pas. 



 

 

 

 

Ah, ironie. Il ne me l’a pas laissée, il était naïf de l’espérer. Quitte à perdre mon temps, autant le mettre à profit, Amarante et Davos sont en phase croissante toutes les deux, ce n’est pas si rare. La tempête a été emportée par un vent du sud et continue de s’éloigner. Je la sens, ses frémissements quand la pression augmente, les vents en cisaille qui s’étendent à des lieues d’elle. Peut-être déversera-t-elle le courroux de Zandaros  en grondant Dranig et arrachera-t-elle la vie d’un père. J’ai parlé de toi, à demi-mots, raconté une brève de ton histoire. Cet égoïsme latent à faire des leçons de tout, même de ta mort, et je n’ai même pas su évoquer ton nom. Les années ne font plus qu’empirer et je peine tant à me souvenir de tes traits que je les confonds d’un autre. Il est différent, cela va sans dire, mais il y a quelque chose. Sa loyauté pour sa famille connaît-elle des limites, contrairement à la tienne ?

  

Dire à autrui le tissu du mensonge dans lequel je peine déjà à croire moi-même, qu’aurais-je pu dire d’autre ? On ne s’y habitue pas, et à chaque fois, dans la mort, s’envolent avec vous des fragments de nous. Je les comprends, ces mages noirs, prêts à tout pour obtenir leur but. Si j’avais été nécromancienne, que de souffrances ne me serais-je par épargnée en ne craignant plus le spectre de Vanilius au-dessus de chaque tête, chaque visage, chaque sourire. 


Je ne sombrerai pas, cela va sans dire, le danger est bien trop grand. Une fois que l’on fait un pas dans cette direction efface les possibles d’un retour en arrière. Et si je ne suis plus digne de leur appréciation pour les sauver, quelle signification aurait ce sacrifice ? 


Les jours s’égrènent et le temps m’échappe, dix secondes n’en valent qu’une pour eux, et voilà qu’un siècle de plus vient de s’écouler depuis ta mort. J’ai perdu la trace de tes descendants, comme tu le sais, mais peut-être eux m’ont-ils retrouvée, ou peut-être ne suis-je qu’en train de me noyer dans les illusions. Ce ne serait pas la première fois. Le jour se lève. À ce soir.

Herryk Ulfhednars

Herryk Ulfhednars

Aucune faction connue

Jared Azar

Jared Azar

Associés du Silence

Antagara

Antagara

Les Charlatans

Elena

Elena

Thaumaturge / Vigies Élémentaires

Nils Lius

Nils Lius

Armée des Roland

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